Une histoire de persévérance et de détermination

Au mois de février dernier, Laurianne, une jeune femme courageuse et déterminée, a accepté de me rencontrer au Centre le Vallon pour partager une partie de son histoire de vie; pour ce faire, elle a dû dépoussiérer une part de son passé…

Laurianne a vécu sa jeunesse dans les Laurentides.  Sept ou huit… est le nombre d’écoles que Laurianne a fréquentées du primaire au secondaire.  La famille déménageait souvent.  À 8 ans, elle a commencé à prendre une médication prescrite composée de trois médicaments qui lui provoquaient des effets secondaires. Elle se sentait amorphe et elle avait envie de dormir.  Laurianne se retrouvait dans des classes spécialisées où elle ne se sentait pas à sa place.  Elle n’est pas certaine d’avoir eu un diagnostic quelconque.  Vers l’âge de 10 ans, elle a fréquenté un centre de jour où elle côtoyait des personnes handicapées. Elle se souvient du jour où un professeur lui a dit qu’elle ne pourra jamais réussir son primaire. Pour la première fois, elle a cru qu’elle n’était pas capable d’apprendre.

MAIS POURQUOI?

Au plus loin de ses souvenirs, Laurianne dit avoir vécu de l’intimidation jusqu’au secondaire. Victime d’agressivité physique et verbale de la part de ses pairs, elle décrit cela comme un cauchemar sans fin qui la rendait anxieuse à chaque rentrée scolaire.  Elle ne se souvient pas qu’un adulte ait vraiment pris le temps de l’écouter.

À l’entrée au secondaire, elle cesse sa médication : « J’me sentais moi-même! », dit-elle. Ayant dépassé l’âge pour fréquenter le primaire, elle s’inscrit dans une école spécialisée où elle peut pratiquer le métier d’ébéniste. Par contre, deux mois plus tard, elle décide de concentrer son énergie pour réussir son primaire. Mais, lorsqu’elle échoue au test de classement pour pouvoir changer d’école, elle se retrouve, encore une fois, à ne plus croire en ses capacités d’apprentissage.

Elle s’est présentée au Carrefour jeunesse-emploi (CJE) de sa région où elle a débuté un stage en mécanique automobile : elle venait de découvrir un métier qu’elle aime! Toutefois, elle a tout quitté lorsqu’elle a eu 16 ans.  Son cauchemar de l’intimidation a donc pris fin lorsqu’elle est entrée sur le marché du travail.

CHANGEMENT DE CAP

Elle commence alors une nouvelle vie en travaillant en restauration.  Elle vit beaucoup de stress au début, car le salaire est maigre et sans expérience de travail, il lui arrive de perdre ses emplois ou de les abandonner. Elle gagne un peu de confiance en elle lorsqu’elle réalise qu’à chacune de ses entrevues, elle est embauchée! Certains lui donnent sa chance, elle passe d’un poste de préposée à la vaisselle, d’aide-cuisinière et de sous-chef dans un restaurant libanais.

DU SOUTIEN ET DES RÉUSSITES

Elle se sent heureuse de passer inaperçue à Drummondville où elle prend un nouveau départ avec son amoureux, également, elle est fière lorsqu’elle réussit son permis de conduire. Au début de la vingtaine, elle donne naissance à une magnifique petite fille et elle se plaît dans son rôle de maman à la maison durant son congé parental.

Les mois passent, mais le couple ne survit pas. Elle doit alors réorganiser sa vie et elle déménage à Fassett, chez sa mère et son beau-père qui les hébergent gratuitement, elle et sa fille d’un an et demi : elle se dit être très reconnaissante de leur soutien. Durant cette belle période, elle accouche d’un magnifique garçon et au fil du temps, elle réussit à faire des économies et déménage à Buckingham où, un pas à la fois, elle reprend le contrôle de sa vie et réalise ses rêves. Elle dit haut et fort que sa motivation lui vient de ses enfants.

Laurianne s’inscrit au Centre Alpha Papineau (CAP) de Buckingham, où Marie-Soleil Levert, formatrice/intervenante jouera un rôle déterminant auprès d’elle, car c’est la première fois qu’elle ne se sent pas jugée et que quelqu’un croit en elle! Pour se rendre au CAP, elle amène sa fille à la garderie en poussette et elle poursuit sa route avec son bébé porté dans une écharpe. C’est au CAP qu’elle y rencontre mes collègues qui y présentent nos services. En juin 2018, elle s’inscrit à notre programme d’autonomie personnelle et sociale. Elle reçoit le soutien de Martine Gravel, intervenante jeunesse, et celui de Chantal Blais, conseillère en carrière. Aidée de Marie-Soleil, elle réussit son test de développement général (TDG) au Centre la Cité en 2019 : un grand pas vers sa réussite! Ensuite, elle poursuit au Centre Le Vallon à Papineauville et Martine l’aide dans sa recherche de logement et de garderie. Avec toute l’ambition du monde, elle avance dans ses cours de niveau secondaire et elle commencera son diplôme d’études professionnelles en mécanique automobile prochainement.

Aujourd’hui, Laurianne se concentre sur le présent parce qu’elle a appris à laisser aller ce qui est hors de son contrôle et c’est avec une très grande fierté qu’elle raconte ses réussites. Elle se construit tranquillement un réseau d’amis et de connaissances.  Elle est reconnaissante de l’aide qu’elle a reçue de sa famille et des différents intervenants qui ont croisé son chemin, mais la personne qui l’a aidé le plus dans son parcours de vie, c’est elle-même. Elle te laisse un message, soit celui de t’écouter et de croire en toi!

Carolyne Brunet, T.S. Persévérance scolaire, 2020-02-20, CJEP

 

Durant les JPS 2020, j’ai rencontré Mélissa Ricard-Allard au Centre la Cité.  Elle m’a raconté son histoire pour inspirer des jeunes qui, comme elle, rencontrent des obstacles durant leur parcours scolaire. Elle souhaite leur donner envie de persévérer, de poursuivre leur chemin tout en surmontant les difficultés!

UN PASSAGE À L’ÉCOLE PRIMAIRE DIFFICILE

Comme plusieurs jeunes, Mélissa qui a maintenant 17 ans, a dû relever bien des défis durant son parcours scolaire.  À partir de la deuxième année, elle a reçu les services d’un orthopédagogue. Le matin, c’était souvent la crise et il lui arrivait de faire semblant d’être malade pour rester à la maison. En classe, c’était difficile pour elle de suivre le groupe.

DIFFICILE D’ENTRER DANS LE MOULE

Du primaire au secondaire, Mélissa a été victime d’intimidation.  Elle se faisait bousculer et crier des bêtises par des élèves.  Le personnel de l’école est intervenu à plusieurs reprises auprès des intimidateurs, mais toujours sans succès… Arrivée au secondaire, elle poursuit sa formation du niveau primaire. Comme elle obtient de bons résultats, elle atteint le secondaire I régulier. Mélissa garde alors sous silence l’intimidation qu’elle vit.   En secondaire II, elle entre dans une période de découragement total, ses notes chutent et elle se retrouve au programme de formation au métier spécialisé (FMS).  L’année suivante, elle change d’école et s’inscrit au programme Pré-DEP, elle y avance donc en mathématique, en français et en anglais tout en apprenant les rudiments de l’entrepreneuriat.

DÉNONCER L’INTIMIDATION

Pendant son court séjour dans cette nouvelle école, elle reçoit les services de professionnels du milieu scolaire pour l’aider à faire face à l’intimidation dont elle est victime. C’est à ce moment qu’elle dit être sortie de sa bulle, car elle a parlé à son père de ce qu’elle vivait.  Mélissa me dit s’être sentie supportée par son père, sa belle-mère, sa tante et sa meilleure amie qui croient en elle.  En cours d’année, elle s’est inscrite au Centre la Cité et c’est avec le cœur léger qu’elle dit repartir à neuf dans cette nouvelle école.

ÉCOUTE TON COEUR

Au Centre la Cité, Mélissa avance dans ses modules de la formation secondaire et elle vit de belles réussites.  Elle se sent à sa place, « c’est comme une nouvelle vie », dit-elle.  Elle se lève à 5h30 le matin pour se rendre à l’école chaque jour et ça en vaut la peine! Elle se crée un nouveau cercle d’amis par lesquels elle ne se sent pas jugée.  Elle fera sous peu un test de développement général (TDG), car elle compte s’inscrire au programme d’études professionnelles (DEP) en pâtisserie et réussir son diplôme d’études secondaires.

DE BONS CONSEILS

Mélissa nous dit qu’il ne faut pas avoir peur de dénoncer l’intimidation, ne pas avoir peur de « passer pour une stooleuse» et de ne pas se laisser abattre.   Elle a des aspirations pour le futur : avoir sa propre petite entreprise dans le domaine de la pâtisserie. Pour y arriver, elle se fixe de petits objectifs qu’elle est capable de réussir chaque jour.  C’est ce qui lui permet d’avancer un pas à la fois vers sa réussite.

Carolyne Brunet, T.S. Persévérance scolaire, 2020-02-20, CJEP